Carlos Tavares : un départ précipité et les défis de Stellantis
Le 1er décembre 2024 marque un tournant pour Carlos Tavares, ancien PDG emblématique de
Stellantis, qui a été évincé avec effet immédiat par son propre conseil d’administration. Cette
décision, inattendue et sans préavis, a été prise par les dirigeants du groupe lors d’une réunion
exceptionnelle, mettant fin à une carrière marquée par des réussites impressionnantes, mais aussi
des faux pas récents.
Une décision venue d’en haut
Les principaux acteurs de cette éviction incluent des figures de premier plan comme John Elkann,
représentant de la famille Agnelli, et Robert Peugeot, héritier de la marque au lion. Ensemble, ces
décideurs influents ont estimé qu’il était temps de passer à une nouvelle phase pour Stellantis,
confrontée à des défis majeurs sur plusieurs fronts.
Une stratégie nord-américaine contestée
L’un des éléments déclencheurs de cette décision réside dans la situation préoccupante de Stellantis
en Amérique du Nord. Les marques phares du groupe, comme Jeep, Chrysler et Dodge, ont vu leur
popularité s’effriter. Les stocks ont atteint des niveaux critiques, tandis que les livraisons chutaient
de 18 % au premier semestre. Carlos Tavares avait opté pour une stratégie visant à privilégier les
marges au détriment des volumes, mais cette approche s’est avérée risquée face à des concurrents
comme Tesla, qui multipliait les offres promotionnelles agressives.
Une compétitivité européenne en déclin
En Europe, le groupe a également souffert de la montée en puissance des constructeurs chinois,
dont les véhicules électriques offrent un rapport qualité-prix difficile à égaler. Pendant ce temps, les
usines historiques de Stellantis en France et en Italie peinent à se moderniser, exacerbant les
difficultés concurrentielles du groupe sur un marché en pleine mutation.
Des résultats financiers décevants
En septembre, Stellantis a lancé un avertissement sur résultats, signalant une chute significative de
ses marges, désormais situées entre 5 % et 7 %. Pour un groupe habitué à des marges à deux
chiffres, cette situation a été perçue comme un échec majeur, précipitant la décision de
l’administration. John Elkann et ses collègues ont alors tranché avec une détermination froide mais
sans équivoque.
Un avenir incertain pour Stellantis
Carlos Tavares, qui avait précédemment sauvé PSA, redressé Opel et piloté la création de Stellantis,
se retrouve aujourd’hui sans poste. Toutefois, grâce à un salaire annuel de 36 millions d’euros et des
indemnités conséquentes, il est peu probable qu’il connaisse des difficultés financières.
Quant à Stellantis, le groupe doit désormais relever le défi de redéfinir sa stratégie dans un
environnement automobile en pleine transformation. La question demeure : cette décision brutale
permettra-t-elle de remettre le géant de l’automobile sur la voie du succès ?